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Lieu : Maison des étudiants de l’Université Goethe, Mertonstrasse 26, 60325, Francfort-sur-le-Main

La guerre en Ukraine a ouvert une nouvelle situation au niveau mondial, une phase durable où les relations de pouvoir entre les États et au sein de la société sont violemment remaniées. La guerre, la militarisation et le nationalisme sont appelés à devenir la norme, tandis que la concurrence économique et les politiques axées sur le profit continuent d’alimenter de nouvelles tensions et une crise générale de la reproduction sociale.

Les travailleurs, hommes et femmes, personnes lgbtqi+, migrant.e.s, militants pour la justice climatique, syndicalistes et étudiants doivent unir leurs forces pour faire face à cette sombre réalité et s’opposer à ses conséquences : c’est à nous de déterminer un avenir différent. Nous devons lutter contre toute nouvelle escalade militaire, toute extension de la guerre et la normalisation du système actuel d’exploitation, de dégradation de l’environnement et de violence patriarcale. Nous refusons d’être les pions d’une guerre qui a des effets dans le monde entier sous la menace nucléaire. Nous voulons plus qu’une perspective de guerre et de catastrophe climatique. Nous voulons plus que d’être enrôlés par les États ou les employeurs au nom de la nation, des « valeurs européennes » ou du PIB. Nous voulons plus que travailler et gagner le strict minimum pour survivre. Nous voulons plus que la haine raciste et la discrimination institutionnelle. Nous voulons plus que la domination patriarcale et la violence. Nous voulons plus que lutter pour nous reproduire. Nous voulons plus que des victoires localisées et modestes.

Nous ne voulons pas alimenter un débat inutile sur ce qui est le plus important entre la guerre et les crises préexistantes concernant le climat, la pandémie ou le coût de la vie. Il suffit d’observer que la guerre en Ukraine a un impact sur tous ces terrains et change les possibilités de nos luttes. La guerre intervient dans la soi-disant « crise du coût de la vie », qui à son tour est liée aux « crises énergétiques » et aux luttes climatiques dans le contexte d’une « transition verte » qui a été massivement impactée par la militarisation économique et les préoccupations nationalistes dans lesquelles s’alignent tous les États et l’Union européenne. Nous avons appris des luttes féministes à regarder cette complexité des conditions sous l’angle de la reproduction sociale. La crise de la reproduction sociale, que les femmes elles-mêmes ont contribué à déclencher par leur refus de la violence patriarcale, frappe avec des rythmes et des intensités différents, mais ses effets nous touchent tous.

Nous ne voulons donc pas non plus alimenter un débat sur ce qui est plus pertinent entre la dimension locale, nationale ou transnationale des luttes, entre territoires et internationalisme. Il suffit d’observer comment le fait de dissocier ces différents niveaux limite de facto notre capacité à gagner. La société dans laquelle nous vivons est marquée en tout point par des dynamiques transnationales qui façonnent les possibilités, tandis que les processus globaux trouvent des conditions différentes en chaque lieu. Nous ne pouvons ignorer le fait que des millions de personnes se déplacent à travers le monde pour chercher une vie meilleure et refuser un destin qui leur est imposé par l’État, par les employeurs, par la famille. Même si nous ne nous déplaçons pas, la réalité transnationale a un impact sur l’endroit où nous sommes. Ce dont nous avons besoin, c’est de refuser les imaginaires réactionnaires et nationalistes et d’établir des liens au-delà des différences dans une perspective commune d’autonomisation afin de gagner un avenir différent.

Après plusieurs rassemblements transnationaux (Poznan, Paris, Berlin, Ljubljana, Stockholm, Londres, Tbilissi) – nous nous sommes réunis à Sofia, en Bulgarie, en septembre dernier. Nous reconnaissons que l’Europe centrale et orientale n’est pas seulement un réservoir de main-d’œuvre productive et reproductive à bon marché, un site d’expérimentation de politiques autoritaires et patriarcales et de restructuration industrielle, mais aussi le cœur de la crise de la reproduction sociale qui dure depuis une décennie. Depuis l’Europe de l’Est, nous pouvons voir la transformation de l’UE et sa dimension transnationale devenir plus claire. Lors de la réunion de Francfort, nous voulons relier cette expérience aux luttes menées dans le soi-disant centre financier de l’UE et nous voulons développer la capacité à lutter contre les divisions nationalistes, racistes, salariales et sexistes qui relient ce qui se passe en Europe à la dimension transnationale.

De nombreuses luttes sont en cours. Pour n’en citer que quelques-unes l’Assemblée permanente contre la guerre et les mobilisations pour « faire la grève contre la guerre » lancées le 1er mai pour une politique de paix transnationale ; la campagne « Don’t Pay » au Royaume-Uni qui s’est étendue à d’autres pays, l’émergence généralisée d’initiatives populaires contre la hausse du coût de la vie, les grèves en Amazon pour l’augmentation des salaires, les grèves dans le secteur des transports et de l’énergie en France, les convergences des luttes en Italie, les manifestations pour la paix et la justice climatique, les révoltes féministes en Russie et les grèves contre la violence masculine, les grands mouvements de personnes, y compris les réfugiés, principalement des femmes, en provenance d’Ukraine, les personnes en Russie abandonnant le régime de Poutine pour fuir la mobilisation partielle, et les mouvements actuels de migrant.e.s vers et à travers les frontières de l’UE, la révolte en Iran au nom de la liberté des femmes. Nous voulons connecter ces différentes formes de grèves et de refus dans un mouvement pour un avenir différent. Nous devons apprendre à faire la grève ensemble. Nous voulons lutter pour une paix qui ne soit pas un simple retour à une normalité faite d’exploitation, de racisme et de patriarcat.

Il n’est pas facile, mais nous savons que nous ne sommes pas seuls. Soutenus par la Gauche Interventionniste allemande, nous invitons tous ceux et celles qui le souhaitent à nous rejoindre à Francfort, du 10 au 12 février, dans une rencontre transnationale contre la guerre, pour un temps de luttes.

Les informations concernant l’inscription et les financements seront publiés très prochainement !