by TRANSNATIONAL MIGRANTS COORDINATION
[French below]
On the 2nd of February, 19 migrants froze to death in Turkey close to the Greek borders. While these two countries are accusing each other to claim their own non-involvement, we know that none of them is innocent. We know that these States use migrants as a political and economic bargaining chip with the connivance and the direct support of the European Union. It is the EU that makes agreements with unsafe countries, such as Turkey, and it is the same EU that oversees its member States’ border abuses and illegal pushbacks, which are enacted with the direct engagement of Frontex. The EU and the bordering countries are part of a larger transnational order nourished by racism, violence, and exploitation. On the 4th of February in Turkey and on 6th February in Greece and other countries, including France, migrants and non-migrants have organized press conferences and demonstrations to claim freedom of movement, freedom from borders, no pushbacks and asylum rights in order to stop migrants’ deaths.
The resistance and the struggles against border violence in Greece and Turkey are connected, not only among them but also with the struggles in other countries. This is so not just because migrants were trying to cross the “physical” borders between Turkey and Greece, but more importantly because of the transnational order which pushed and forced them to take this deadly route and then pushes them back. These demonstrations and struggles are connected also to migrants’ struggles from Iraq to Poland, from Syria to Germany, from Libya to Italy, from Morocco to France. These struggles against border violence are also connected to migrants’ struggles against institutional racism and exploitation exerted by bosses in the countries of arrival. Migrants’ movement should face the fact that violence, abuses, and pushbacks at the borders are connected to the exploitation of migrant workers inside states and the EU by a transnational racist order that decides to open and close the borders according to the need of exploitable migrant workforce in freight villages, factories, or homes: this selective use of borders and institutional racism emerged very clearly with the pandemic.
There is a common logic linking together what happens at the border and how migrants are treated by all states. Border violence, pushbacks, and exploitation in the European countries of arrival are possible because of the blackmail of the residence permit which is regulated by different EU agreements and national laws. The residence permit impacts the life of migrants in Europe by imposing on them unbearable working and living conditions because it links migrants’ stay in Europe to job contracts, precise wage and income levels, proof of suitability of accommodation and often to the permit of husbands and fathers, even when violent. These requisites create further hierarchies among migrants, women and men, and between migrants and non-migrants. As long as the residence permit regime lasts there will be, on the one hand, migrants who will need to work under whatever condition in order to renew the residence permit and be allowed to stay in the EU, and, on the other hand, there will be migrants who will risk their life to reach the EU. As Transnational Migrants’ Coordination, we claim freedom of movement for all women and men, and unconditional European residence permit for all, independent from job contract, income, wage, and family reunification!
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Organiser notre Rage: les Connexions Politiques des Luttes des Migrant.e.s. entre la Grèce, la Turquie et au-delà
Le 2 février, 19 migrants sont morts de froid en Turquie, près des frontières grecques. Alors que ces deux pays s’accusent mutuellement afin de nier leur implication, nous savons que tous les deux sont coupables. Nous savons que ces États utilisent les migrants comme monnaie d’échange politique et économique avec la connivence de l’Union européenne. C’est l’UE qui passe des accords avec des pays peu sûrs comme la Turquie et c’est la même UE qui ferme les yeux sur les abus frontaliers de ses États membres et les refoulements illégaux soutenus par Frontex. L’UE et les pays frontaliers font partie d’un ordre transnational plus large, nourri par le racisme, la violence et l’exploitation. Le 4 février en Turquie et le 6 février en Grèce, mais aussi en France et en autres pays, des migrants et des non-migrants ont organisé des conférences de presse et des manifestations pour réclamer la liberté de mouvement, la liberté des frontières, l’interdiction des refoulements et le droit d’asile afin d’arrêter la mort des migrants.
Ces manifestations montrent que la résistance et les luttes contre la violence aux frontières en Grèce et en Turquie sont liées, pas seulement entre elles mais aussi avec les luttes amenées dans autres pays. Ce n’est pas seulement parce que les migrants essayaient de traverser les frontières « physiques » entre la Turquie et la Grèce, mais surtout à cause de l’ordre transnational qui les a poussés et forcés à prendre cette route mortelle, puis les a repoussés. Ces manifestations et ces luttes sont également liées aux luttes des migrants de l’Irak à la Pologne, de la Syrie à l’Allemagne, de la Lybie à l’Italie, du Maroc à la France. Ces luttes contre la violence aux frontières sont liées aux luttes des migrants contre le racisme institutionnel et l’exploitation exercée par les patrons dans les pays d’arrivée. Le mouvement des migrants doit reconnaître que la violence, les abus et les refoulements aux frontières sont liés à l’exploitation des travailleurs migrants en Europe par un ordre raciste transnational qui décide d’ouvrir et de fermer les frontières, comme nous l’avons vu pendant la pandémie, en fonction des besoins de la main-d’œuvre migrante exploitable dans les villages de fret, les usines ou les foyers.
Il existe une logique commune reliant ce qui se passe à la frontière et la manière dont les migrants sont traités par tous les États. La violence aux frontières, les refoulements et l’exploitation dans les pays européens d’arrivée sont possibles grâce au chantage du titre de séjour qui est réglementé par différents accords européens et lois nationales. Le titre de séjour a un impact sur la vie des migrants en Europe en leur imposant des conditions de travail et de vie insupportables car il lie le séjour des migrants en Europe à des contrats de travail, à des niveaux de salaire et de revenu précis, à la preuve de l’adéquation du logement et souvent au permis des maris et des pères, même s’ils sont violents. Ces conditions préalables créent des hiérarchies supplémentaires entre les migrants, les femmes et les hommes, et entre les migrants et les non-migrants. Tant que durera le régime du titre de séjour, il y aura, d’une part, des migrants qui devront travailler dans n’importe quelle condition pour renouveler leur titre de séjour et être autorisés à rester dans l’UE et, d’autre part, des migrants qui risqueront leur vie pour atteindre l’UE. En tant que Coordination Transnationale des Migrant.e.s, nous revendiquons la liberté de mouvement pour toutes les femmes et tous les hommes, et un titre de séjour européen inconditionnel pour tous, indépendamment du contrat de travail, du revenu, du salaire et du regroupement familial !