E.A.S.T. (Essential Autonomous Struggles Transnational)
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La décision d’Erdogan de se retirer de la Convention d’Istanbul concernant la lutte contre la violence à l’égard des femmes est une déclaration de guerre à toutes les femmes et aux personnes LGBTQ+ du monde entier : la violence patriarcale et de l’État est une question privée qui ne doit pas être combattue et les femmes doivent être battues, tuées et violées ; la liberté sexuelle doit être réprimée car elle est essentielle pour protéger l’idée de la famille traditionnelle et garder l’ordre social.
Le 1er juillet 2021, le retrait de la Turquie de la CI sera officiel. Ce jour-là sera un jour de lutte et de grève dans toute la Turquie. Mais cela ne suffit pas : nous voulons faire du 1er juillet une journée mondiale de lutte pour répondre par un soulèvement commun à l’attaque patriarcale que nous subissons partout.
En se retirant de la convention, Erdogan veut s’assurer que la violence domestique et de l’État contre les femmes et les personnes LGBTQI+ – qui a augmenté avec le couvre-feu imposé après le retrait – et les tortures, abus sexuels et emprisonnements des femmes et enfants kurdes par les fonctionnaires restent sans conséquences. L’UE ferme les yeux sur tout cela tant que le régime d’Erdogan maintient les demandeurs d’asile hors des frontières de l’UE.
Le retrait de la Turquie de la CI n’est pas isolé. La CI est rejetée dans toute l’Europe centrale et orientale. En Pologne, une convention alternative est en cours d’élaboration par les mêmes forces qui ont presque totalement interdit l’avortement à la fin de l’année dernière. De l’Est au Ouest, du Nord au Sud, les gouvernements profitent de la pandémie pour replacer les femmes dans les rôles sociaux qu’elles refusent: à la maison, s’occupant gratuitement de la famille, exploitées et surmenées dans des secteurs essentiels sous-payés et sous-évalués tels que les soins, l’assainissement, la logistique, l’agriculture, le nettoyage. Plus le caractère essentiel de notre travail est visible, plus nos libertés sont attaquées.
Nous ne croyons pas au mensonge selon lequel l’UE est le rempart de l’égalité des sexes, car l’UE tolère et même encourage la violence patriarcale grâce à son régime frontalier, à la violence policière, au racisme institutionnel et au chantage du permis de séjour. Partout, les gouvernements mènent à bien des politiques patriarcales :
– en entravant le divorce, même avec des partenaires violents, et en minant le droit à la pension alimentaire ;
– en coupant les ressources aux centres antiviolence ;
– en accordant des allocations familiales racistes qui favorisent l’exploitation d’autres femmes et excluent les femmes migrantes ;
– en diminuant la liberté de l’avortement ou en l’interdisant ;
– en criminalisant les personnes LGBTQI+ ;
– en réprimant les manifestations (anti-gouvernementales) ;
– en expulsant les gens de leurs maisons et en ségréguant des communautés entières, principalement des pauvres et des Roms, à la périphérie des villes dans des conditions dégradées ;
– en autorisant et en légitimant les viols et les tortures contre les femmes migrantes et réfugiées.
Le 1er juillet, nous voulons crier que la lutte des personnes LGBTQI+ pour la liberté sexuelle et contre leur criminalisation et la lutte contre la violence patriarcale envers les femmes est une lutte transnationale commune pour la subversion de la reproduction néolibérale et raciste de la société patriarcale. Inspirés par la grève féministe mondiale, par les luttes qui ont lieu de la Pologne à l’Argentine, par la force des revendications féministes dans les révoltes populaires en Amérique latine, de la Colombie au Chili, et par la lutte quotidienne des femmes contre la violence masculine et étatique, nous appelons tout le monde à s’unir le 1er juillet avec ceux qui luttent en Turquie. Nous appelons tout le monde à se mobiliser contre la façon dont, de l’Europe à l’Amérique latine et au-delà, la pandémie et ses séquelles sont gérées aux dépens des femmes, des personnes LGBTQI+, des migrant.e.s, des Roms et des travailleurs essentiels.
Le 23 mai, E.A.S.T. organise une réunion de travail en ligne pour coordonner la journée d’action transnationale du 1er juillet. Nous invitons tous les militant.e.s, travailleurs, travailleuses et organisations qui partagent notre point de vue sur la nécessité s’opposer à la violence patriarcale de manière collective à nous rejoindre pour cette réunion. Nous y discuterons de la manière de nous mobiliser ensemble, des pratiques que nous pouvons partager, des slogans communs qui peuvent résonner à un niveau transnational.
Pour participer, veuillez nous envoyer un email à essentialstruggles@gmail.com
Lire la déclaration transnationale d’E.A.S.T. : https://www.transnational-strike.info/2021/04/23/a-transnational-response-to-the-attacks-on-the-istanbul-convention/