Samedi 22 octobre, 14h30-18h30, Bourse du Travail de Saint Denis
CRÉNEAU I (14h30-15h30) «NOTRE OPPRESSION, NOS POINTS COMMUNS»
Depuis le début de la crise, l’idée d’une Europe des droits et des libertés a disparu, même sous la forme d’une propagande bon marché. Les mesures d’austérité, la crise grecque, les tensions entre l’Europe et ses États membres, la relation particulièrement dure avec les migrant.e.s nouvellement arrivé.e.s, le processus qui a conduit au « Brexit » au Royaume-Uni et à la montée des nationalismes dans les pays d’Europe de l’Est, montrent l’étendue de la crise de l’UE. Pourtant, derrière la faiblesse politique de l’Europe, il y a de fortes tendances communes – l’attaque néolibérale sur les travailleurs.ses, sur les conditions de vie et sur la liberté de mouvement – qui sont conduites par la droite comme par la gauche, au profit du capital. Face à cela, il serait décevant de penser que le repli sur le niveau national peut être un moyen de combattre cette Europe ou même de lutter contre les nationalismes et les populismes de droite. L’Europe est l’espace de notre oppression commune, mais l’Europe est aussi l’espace dans lequel nous trouvons des allié.e.s et des camarades pour lutter, comme les migrant.e.s, les précaires et les travailleur.ses de l’industrie qui défient l’ordre néolibéral de l’Europe et ses frontières. Notre problème urgent est de savoir comment consolider un mouvement transnational pour faire face à tel ou tel gouvernement ou à l’UE comme espace institutionnel qui doit être démocratisé, mais à la base même de la constitution néolibérale de l’Europe, faite de mouvements de capitaux et de politiques étatiques. Quels sont les piliers de cette Europe néolibérale à laquelle nous devons nous confronter ? Quelles approches et stratégies devons-nous adopter?
CRÉNEAU II (15h30-16h30) «TRANSNATIONAL ET SOCIAL. LE DÉFI DE LA GRÈVE»
La grève a été au centre des plus puissantes attaques contre la constitution néolibérale de l’Europe : les grèves communes de migrant.e.s dans les secteurs logistiques en Italie, la vague de grèves de 2015 en Allemagne, les grèves des internes (Junior Doctors) au Royaume-Uni, la grève sociale massive qui a eu lieu en France et la récente grève des femmes polonaises contre l’interdiction de l’avortement en sont des exemples clairs. Chacune de ces grèves a défié à sa manière les frontières traditionnelles de la grève comme action, mais la plupart sont restées isolées. La tâche de la Plateforme pour une grève sociale transnationale est de trouver des façons de faire de chaque grève une partie d’un processus plus large de communication entre différents fragments de la classe ouvrière actuellement très précarisée et mobile. Comment faire pour que chaque grève développe des connections fortes dans la société et par delà les frontières, dépassant la simple controverse et adressant à la fois les conditions plus larges d’exploitation et la connexion transnationale de chaque lieu de travail avec de nombreux autres. Quels sont les éléments sociaux et transnationaux des grèves existantes sur lesquels nous appuyer ? Comment combinons-nous les grèves comme des événements locaux d’insubordination et la grève comme un processus d’organisation capable de dépasser la fragmentation produite par la précarité et par le caractère transnational de la production et de la reproduction sociales?
CRÉNEAU III (17h00-18h30) «NOTRE TERRAIN COMMUN DE LUTTE»
Le défi auquel nous sommes confrontés est de faire un pas en avant dans l’articulation politique du terrain de lutte ouvert par la vague de grèves et d’insubordination qui a traversé l’espace européen. Ce défi semble avoir deux aspects. Nous devons d’abord discuter des méthodes et des tactiques qui nous permettent de faire de nos contextes locaux de lutte des passerelles vers des connections transnationales. Ensuite nous devons intervenir là où et quand la constitution néolibérale de l’Europe est défiée par des travailleur.ses insubordonné.e.s, offrant aux luttes isolées et à celles et ceux qui cherchent à faire entendre leurs voix une connexion vers le niveau transnational et un récit commun qui soit en mesure de donner de la consistance à cette connexion. Pour ces deux tâches, la question est comment articuler et embrasser des revendications européennes communes (par exemple : un salaire minimum européen, un welfare/des droits sociaux européens, un permis de résidence européen) qui nous permettent de repousser l’isolement, de faire entendre la dimension transnationale dans chaque lutte locale, mais aussi de nous opposer à l’Europe néolibérale avec notre propre programme d’insubordination, en intervenant directement sur les points matériels de collusion avec le capital. Comment pouvons-nous construire une voix commune et trouver des termes communs qui peuvent être utilisés et reconnus de tou.te.s : migrant.e.s, précaires, travailleurs.ses de l’industrie, qui peuvent faire grandir le pouvoir de leur propre insubordination au capital?